« Le nouveau projet de loi sur les activités minières est un levier pour renouveler le secteur et renforcer sa contribution à l’économie nationale »

Le conseiller et expert en ressources minières et en géologie, Arezki Zerrouki, a affirmé que le nouveau projet de loi sur les activités minières, actuellement à l’étude au Parlement, garantit un renouveau du secteur, étant « le fruit d’une évaluation de la loi actuelle ». Il prévoit que la réalisation de projets structurants permettra de faire passer la contribution du secteur minier au produit intérieur brut (PIB) de 1 % actuellement à environ 15 %.

Dans un entretien accordé au journal El Massa, l’expert Zerrouki a déclaré que le nouveau texte promet une meilleure gouvernance du secteur, conduisant à son développement ainsi qu’à celui du pays, à travers une contribution accrue au PIB. Il a souligné que les questions liées à l’environnement, à la facilitation des investissements, à l’ouverture aux opérateurs locaux et étrangers du secteur privé, à la simplification des procédures administratives, et à la reconnaissance juridique des licences minières — toutes intégrées dans le nouveau projet — contribueront à attirer les capitaux et à renforcer leur rôle dans l’économie, notamment dans le secteur industriel.

Concernant les craintes exprimées par certains quant à une éventuelle atteinte à la souveraineté de l’Algérie sur ses ressources minières nationalisées, il a jugé ces inquiétudes infondées. Il s’est appuyé sur les investissements massifs de l’État dans le secteur depuis l’indépendance, notamment via le groupe Sonarem et ses filiales, qui ont œuvré à attirer des investissements privés nationaux et/ou étrangers tout en partageant les risques et en protégeant la souveraineté nationale, qu’il qualifie de « sacrée et non négociable ». Il a précisé que le secteur minier nécessite d’importants moyens financiers, et que, selon le nouveau projet de loi, l’État participera au capital des sociétés minières chargées de créer de la richesse, de générer des emplois et de payer des impôts, tout en assurant un contrôle via les organes de régulation. « L’objectif visé par cette loi est également de bénéficier de l’expertise et des technologies des grandes entreprises minières internationales ». Il a ajouté qu’elle prévoit un droit de préemption pour protéger les intérêts de l’État.

L’expert a insisté sur le fait que le principe de contrôle de l’État sur les mines, qui a motivé leur nationalisation, reste toujours en vigueur, « bien que le contexte ait changé ». Il a mis en avant la volonté politique de relancer le secteur avec une vision économique plus durable et réaliste, en encourageant davantage le contenu local, la transformation directe des ressources pour générer plus de valeur ajoutée, et une interdiction quasi totale d’exporter les matières premières disponibles. Il estime que ces principes ont guidé la rédaction du projet de loi actuellement en débat.

Évoquant les capacités de l’Algérie dans le domaine, il a indiqué que plus de 85 % des licences délivrées concernent l’exploitation de carrières. Il a précisé que l’inventaire actualisé des ressources montre une grande diversité, et que l’analyse des importations et exportations de produits miniers révèle une préférence pour l’importation de minerais pourtant disponibles en quantité et en qualité localement. Il a estimé que l’exploitation de ces ressources permettrait de réduire les importations, d’augmenter les capacités locales et de générer des revenus de plusieurs centaines de millions de dollars pour le Trésor public, en plus des emplois directs et indirects, ainsi que des recettes fiscales.

Il a jugé important de lancer des campagnes de prospection, avec l’aide d’experts et de laboratoires qualifiés, pour certaines matières jugées « stratégiques et importantes » par les pays développés. Selon lui, pour l’Algérie, le fer, le plomb et le zinc sont des ressources stratégiques, contrairement au lithium, qui ne l’est pas encore en raison de l’absence d’industrie utilisatrice actuellement, même si cela pourrait changer à l’avenir. Il a souligné la nécessité de développer et d’exploiter les ressources de base, et a évoqué l’importance stratégique des trois projets structurants (Gara Djebilet, Oued Amizour et Oued El Hedba), en termes de création de milliers d’emplois directs et de dizaines de milliers d’emplois indirects, ainsi que de soutien à la structure économique et industrielle, notamment les secteurs de l’automobile, de la sidérurgie, de l’agriculture et de la chimie.

Concernant les questions environnementales, devenues un sujet de préoccupation, il a affirmé qu’à l’inverse de certaines idées reçues, l’environnement est au cœur des préoccupations des autorités publiques. Depuis 2001, les lois minières prévoient un renforcement des mesures de protection de l’environnement. L’Algérie dispose d’un arsenal juridique étendu et a ratifié de nombreuses conventions internationales sur la protection de l’environnement dans le cadre du développement durable. Il a précisé que la loi minière impose le dépôt annuel de 2 % du chiffre d’affaires des entreprises opérantes pour la réhabilitation des sites exploités. Il a cité l’exemple de la mine de Tala Hamza à Oued Amizour (Béjaïa), où la partie algérienne a plusieurs fois rejeté les dossiers présentés par le partenaire étranger pour des raisons environnementales et de protection des populations.

S’agissant de la volonté de l’État de mettre en place une véritable industrie de transformation des métaux, il a rappelé les directives du président de la République, qui insistent sur l’extraction sur site, afin d’allonger la chaîne de valeur, d’augmenter la valeur ajoutée et de fournir des produits finis aux secteurs demandeurs. Le projet de loi inscrit également l’obligation de contenu local dans la transformation des minerais sur le territoire national, plutôt que leur exportation à l’état brut. Il a souligné que l’Algérie dispose des ressources nécessaires pour gérer les projets, et qu’elle a mis en place des mécanismes pour bénéficier de l’expertise étrangère, citant la création par Sonarem d’une société de formation comme preuve de l’importance accordée par les autorités publiques à la formation des cadres et des professionnels du secteur.

Sources : El-Massa, 1er juin 2025